dimanche 13 septembre 2009

Le 13 septembre, (encore) une rencontre avec le Japon des traditions

Alors oui, le Japon est une terre de contrastes. J'ai donné ce titre de blog comme une petit moquerie à ces articles sur le Japon "pays entre modernité et tradition", parce que cette phrase ne veut simplement rien dire! Le fait que Notre-Dame-de-Paris soit éclairée par des néons, ça veut pas dire que la France est dans le même cas? Ou alors voir les portraits de dirigeants communistes sur des anciens palais, c'est pas aussi un exemple? Si...Tout pays est coincé entre sa culture ancestrale, et une marche en avant (enfin, au moins une marche quelque part n'est-ce pas?), tout pays est moderne et traditionnel en même temps. La question c'est: comment construire sa modernité? Et comment conserver sa tradition? Intouchée, ou en évolution avec la société? Est-ce que faire du théatre moderne était une trahison de l'esprit de Molière? Est-ce que écrire en français était une trahison de la glorieuse tradition latine des lettrés? Bref, cette phrase est..terriblement fausse ou tout du moins vide de sens.

Mais pourtant...Pourtant, on la vit, on la sent, on la consomme, on l'intègre et ainsi de suite, l'utilisant comme un prisme déformant pour une classification artificielle: ça c'est traditionnel, ça moderne. (soit dit en passant, une telle classification peut donne lieu à un classement à points dit "de pureté japonisante" qu'il est dur de maintenir dans le positif quand comme moi, vous pensez que "cerisiers en fleurs" est bien plus joli quand ça rime avec "namco tower", une super salle d'arcade...bref, je vis jeux vidéos et j'assume totalement). Toujours est-il que aujourd'hui, j'aurai vu les deux.

On commence tranquillement la journée, en allant dans le plus vieux centre d'arts martiaux du Japon (donc autant dire du monde, n'est-ce pas ^^) à deux pas de chez nous, voir un peu d'aikido, et une compétition de kyudo (tir à l'arc japonais). Réaction typique de moi: "han je veux en faire"...affaire à suivre, je dirai! Puis, en avant vers le musée d'arts traditionnels de Kyôto (ba ouais, capitale centenaire et tout ça, autant montrer qu'on fait tout mieux que tout le monde). Force est de constater que la tradition japonaise est faite de minutie, de patience et d'exactitude, quand le moindre artisanat devient un art, une école de pensée et peut-être plus encore. Après tout, l'introduction de l'encens pendant la cérémonie du thé a bien mené vers la création d'une cérémonie de l'encens (si on peut meme pas manger de petits gâteaux, moi je dis ça sert à rien!). Le plus impressionnant restera selon moi l'art du tissage et les magnifiques étoffes de kimono que les artisans tisserands sont capables de produire, ne serait-ce que pour habiller des petites poupées qui ne seront exposées que une seule fois dans l'année. Mais ne serait-ce que pour ça, de véritables chefs d'oeuvre voient le jour. A l'inverse, les bols de cérémonie du thé sembleront pour l'observateur occidental comme des "bols tout cabossés"...ce qu'ils sont, mais ce qui est aussi leur qualité. Bref, changement de référentiel et d'ordre de valeur, on doit supposer que si c'est dans un musée, c'est pour une bonne raison (c'est vrai, je suis notamment incapable de différencier une belle calligraphie d'une calligraphie médiocre!). Mais, aujourd'hui, nous n'étions pas venus uniquement pour profiter des collections du musée. Non aujourd'hui, nous étions là pour venir voir danser des Maiko.

Késako? Les Maiko, ce sont des geisha en apprentissage, les vêtements et le maquillage ne sont pas les mêmes. Il est très rare d'appercevoir des geisha, alors que les Maiko se montrent plus facilement de façon à se faire repérer par un patron et pouvoir devenir geisha (c'est un système assez particulier que je suis pas certaine d'avoir totalement saisi, je reviendrai dessus quand j'en saurai plus). De cette expérience, je tirerai des plus et des moins.
Les moins...je hais le son des flûtes japonaises! je veux dire, au sein d'une musique c'est assez harmonieux et tout ça, mais moi la seule chose que ça me rappelle c'est "on ne peut pas dormir pendant 2001, odysée de l'espace" (ou comment un film aura marqué mes goûts musicaux à vie XD) alors forcément pensant à ça, on finit par penser au début de 2001, puis au fameux "dans l'ordinateur..." et là on se retrouve à se retenir de rire (ceci était un exemple de cheminement de ma pensée, féliciations à ceux qui auront suivi). Donc un petit bémol.
Deuxième gros bémol..le seiza tue! Alors le seiza, c'est la "bonne position assise"(véridique, ça veut dire assise correcte en japonais), super classe, utile dans toutes les activités japonaises, alors on se met en seiza...ça fait mieux. voilà la posture du seiza,à genoux, les fesses posées sur les pieds, à essayer à la maison avec quelqu'un pour aider à se relever de préférence! Par contre, ça oblige à se tenir droit c'est bien mieux que avachi par terre, c'est sur...Mais par contre, c'est plus douloureux! Mais on ne le fait pas sentir, on prend sur soi (gamon suru en japonais) et on fait comme si de rien était, on sent plus ses jambes mais c'est pas grave, elles ne peuvent pas se décrocher de toute façon. Et on tient comme ça l'air de rien. Et là, 30 minutes plus tard, c'est le drame va falloir se relever. Et quand je dis qu'on ne sent plus ses jambes, on ne sent plus rien en dessous du genou...donc mieux vaut regarder ses pieds pour etre sur qu'on touche le sol. On dépasse largement le stade des fourmis...c'est juste...on sent plus rien. Donc on essaie de se relever et là bam! on se rend compte que les gambettes, elles ont pas envie de nous soutenir après ça! et boum on perd l'équilibre (heureusement que Laura était devant moi, sinon je tombais comme une merde XD). Donc on se redresse, on prend sur soi, et on fait comme si de rien était "ouah c'était super agréable, dis donc..non non même pas mal aux jambes, attends tu crois quoi" Et à chaque fois qu'on pose le pied par terre, décharge de fourmis...Bref, sensation intéressante mais...j'espère qu'on s'y fait à la longue. Moralité de l'histoire: le seiza, c'est la classe, mais se relever d'un seiza, ça l'est beaucoup moins XD

Dans les plus...oulah, ba déjà voir des maiko, c'est un énorme plus en soi. Une tit photo pour illustrer mes propos:

Des kimons comme on rêverait d'en porter (et de pouvoir se les payer), une ceinture nouée avec grace, un maquillage et une coiffure parfaite, une façon de parler juste magnifique, une grace et une féminité sublimée et conceptualisée..bref...ouah! La danse japonaise est très éloignée de nos standards, mais elle transcende, elle passe des expressions non pas de façon réaliste, mais par des sensations. Ca plus une belle musique et des chansons, et c'est un instant magique...De voir ces femmes surpasser leur condition et devenir "la femme" comme un concept, une idée, une sensation à un moment dans un monde flottant autour. (décidément la relation avec le temps au Japon est quelque chose de fortement malmenée!). Alors oui, c'est dans un musée, c'est un truc à touristes, mais ce qu'elles font passer, c'est quelque chose qui te transperce et qui te fait te sentir unique et dans un moment unique, un transport ici et ailleurs... Expérience magnifique, renouvelable toutes les semaines ^^ je sens que ce musée va devenir une annexe de la maison, comme le dojo d'arts martiaux dont je parlais plus haut.

Ensuite on sort de l'enchantement pour des détails beaucoup plus terre à terre: Laura a froid la nuit et n'a pas de couette. Alors on se perd dans la rue moderne pleine de panneaux lumineux, dans les flots de gens qui sortent des magasins, au milieu des salles d'arcade, des bars à karaoke, on va dans les magasins, on trouve une couette, on paie, on ressort, on se dirige vers le bus pour rentrer chez nous, et là au mileu des jeunes japonaises aux tenues si particulières et des employés pressés de rentrer, on voit passer une femme portant kimono, et cheveux relevés, et on sourit. Parce que autant les uns que les autres font la complexité du Japon, sa beauté aussi, sa richesse, et dans tous les cas son identité, et que, pour le meilleur comme pour le pire, j'y suis pendant un an...

4 commentaires:

  1. OUAH....la danse des maiko, l'enchantement, je l'ai ressenti en lisant ton commentaire. Je sais que cela devait être MAGIQUE......Et l'apparition d'une femme en kimono au milieu de la rue, cela devait être encore MAGIQUE...cela me fait penser à tous ces dessins animés japonais: du quotidien et tout d'un coup du magique, un instant suspendu...oui je vois bien...quelle chance ! Et ça va durer un an...après je viens te chercher parce que je ne sais pas si tu vas vouloir revenir...
    Autre commentaire:
    alors "2001" et "dans l'ordianteur", pas étonnée par le cheminement de ta pensée...je suis ta môman...
    Le seiza: ouille...j'en ai mal pour toi. C'est sans doute ça le pire de ton voyage, non ? et que tu devras le refaire....
    Vivement la prochaine page de blog...tu nous fais vraiment voyager !!

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  2. le seiza, oui je vais devoir le subir, mais au final je pense qu'on s'y fait. Les maitres de cérémonie du thé restent pendant presque une heure des fois alors c'est que ça doit être faisable...Par contre, comme dirait Laura qui le subit en karate, c'est dangereux en suite parce que comme totalement insensibilisée, on peut se faire très mal sans s'en rendre compte (enfin en karate <<)

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